Ferry Boat :

Avant que le port de la Joliette ne devienne le port commercial de Marseille, le cœur de l’activité économique de la ville se trouvait au Vieux-Port. Sa traversée était donc très utile à cette époque et était assurée, de façon non réglementée, par d’anciennes barques de pêcheurs reconverties en navettes de transport de passagers. Parmi ces derniers, nombreux étaient des pêcheurs allant livrer à La Criée, des employés de mairie, des ouvriers des manufactures de la rue Sainte ou des membres du personnel hospitalier de l’Hôtel-Dieu qui avaient besoin de rejoindre l’une des deux rives depuis l’autre.
Il faut attendre le 3 juin 1880 pour que le Ferry Boat soit officiellement créé à Marseille. L’exploitation est assurée par François Paoleschi, un ancien marin. De véritables navires de transports collectifs, baptisés « Mouche IV » et « Mouche VII » ont ainsi été spécialement conçus. À ce moment-là, ce n’est pas une mais trois lignes qui sont en service :
🔹 Mairie – Place aux Huiles
🔹 Place Vivaux – Criée aux poissons
🔹 Saint-Jean – Rive Neuve
Ces navires ont été conçus pour augmenter le trafic et remplacer les anciennes barques de pécheurs, reconverties en navette de transports de passagers, qui assuraient depuis de longues années la traversée du Lacydon. La traversée était très utile à cette époque où les activités économiques de la cité phocéenne se situaient, pour la plupart, dans un périmètre assez restreint, autour du Vieux Port.
Les trois lignes ont fonctionné simultanément pendant plusieurs décennies avant que la deuxième, celle entre la Place Vivaux et la Criée aux poissons ne soit fermée en 1926, en raison de la concurrence du Pont Transbordeur. Cinquante ans plus tard, au milieu des années 1970, la troisième ligne subit le même sort cette fois à cause de l’évolution des activités économiques de Marseille. Ne reste alors plus que la première ligne, toujours en place aujourd’hui, qui a tout de même connu son lot de péripéties.
Le Ferry-Boat, bien connu pour son côté pratique par les Marseillais, sera immortalisé par Marcel Pagnol, dans son film Marius, où le « Féri-Bôate », (accent de circonstance), est barré par Félix Escartefigue, qui y défend avec verve son statut de marin ! À juste titre d’ailleurs puisque ce passeur répond aux critères qui définissent un Ferry Boat, bien que la distance qu’il parcourt soit l’une des plus faibles au monde. Pour ces raisons et bien d’autres encore, ce navire bateau reste cher au cœur des Marseillais, et fait même partie du patrimoine de la ville, au même titre que la « Bonne Mère », ou le Stade Vélodrome.
Il sera livré à Marseille en 1952, équipé d’un moteur diesel Baudoin DB3 de 45 ch.
Pendant plusieurs années, les trois navires se croisent dans le Vieux Port (Entre la Place aux Huiles et la mairie, la Criée et la Place de Lenche, le Lacydon et le Fort Saint Jean).
À la mort de François Paoleschi, sa fille Claire et son mari Roger Ischyrion reprennent l’exploitation des lignes, mais les Mouches arrivent en fin de vie, et tous deux sont mis en réserve.
Le César doit alors affronter la concurrence du tramway. Le nombre de passagers qu’il transporte diminue inexorablement, et les époux Ischyrion doivent se résoudre à abandonner cette activité.
Philippe San Marco, un proche du maire de l’époque Gaston Deferre, réussit alors à convaincre la municipalité de conserver cet élément du patrimoine maritime provençal en reprenant l’exploitation de la ligne, empêchant que les bateaux soient coulés. En 1984, les clefs des trois bateaux sont remises à la ville Marseille dans le cadre d’une cession à titre gratuit. « Un cadeau empoisonné » dira Gaston Deferre au moment de signer l’acte qui sauve le César.
Il sera finalement retiré du service en 2009, en bout de course, en panne un jour sur deux…
Mais pour des raisons similaires, la réfection du navire a été votée par la municipalité. Pour un coût de 500 000 euros (presque le coût du nouveau Ferry Boat…), le César pourra de nouveau occuper une place dans le Vieux port. Cependant, sa conception obsolète ne lui permettra pas d’être homologué pour le même usage, et s’il navigue de nouveau, il ne pourra transporter plus de 12 passagers à la fois.
À partir du 31 décembre 2015, la ligne du Ferry Boat est confiée à la RTM avec une exploitation en 2 temps du fait des travaux de rénovation du quai de Rive Neuve
Ombrière <-> Mairie
– Une desserte provisoire entre le Quai de la Fraternité et le Quai du Port est mise en place pour cause de travaux sur le Vieux-Port.
Les horaires ainsi que la gratuité de la traversée sont provisoirement maintenus durant la durée des travaux.
– Horaires des traversées : 8h à 12h30 et 13h15 à 16h50
Place aux Huiles <> Mairie
– A la fin des travaux, le ferry-boat retrouve son « tracé historique » du Quai de Rive-Neuve au Quai du Port.
Le coût du ticket est de 0,50€ la traversée (libre accès pour les abonnés RTM et libre circulation).
– Horaires des traversées : 7h30 à 20h30, toutes les 10 minutes.
Matériel :
Navire amphidrome non polluant.Il a la particularité de pouvoir se déplacer indifféremment en avant et en arrière de la même manière, sans manœuvre de retournement.
Conception. Bureau d’études « Jean & Frasca Design », le Chantier Naval Gatto à Martigues et la Société Alternative Energie.
Dimensions. Longueur hors tout : 13 m. Largeur 4,70 m.
Poids. A vide : 10,5 t. En charge 14 t.
Propulsion. 2 moteurs électriques alternatifs triphasés 380 V. (rendement élevé). Hélices relevables et orientables à 360°.
Batteries. 2 parcs de propulsion composés de 64 batteries Nickel-Cadmium (rendement élevé).
Panneaux solaires. Surface totale 25 m2 pour 16 panneaux photovoltaïques sur cadres en aluminium. Puissance instantanée de 800 W. en hiver à 3000 W. en été.
Autonomie. Plus de 10 h. sans rechargement des batteries (soit environ 270 traversées de 3 minutes maximum) ; autonomie solaire en été (sans apport électrique complémentaire des batteries) ; consommation par traversée de 400 Wh. à 1400 Wh. selon la charge et le vent.
Capacité de transport. 45 passagers dont 20 places assises. Un espace permettant l’embarquement de 4 fauteuils, poussettes ou vélos.
2 hommes d’équipage.
Vitesse. 3 à 4 nœuds en exploitation, 7 nœuds à pleine puissance (13 km/h environ).
Accessibilité personnes à mobilité réduite: accès par plans inclinés et panne à hauteur variable ; 2 portes coulissantes vitrées électriques de chaque coté de 0,90 m.
Aération et ventilation. Ouverture permanente par le toit ; vitres latérales (méthacrylate 10 mm. teintées en bleu, cintrées et coulissantes sur rails inox).
Informations au public.2 écrans vidéos plats de 21 pouces (historique du ferry boat et technologie électrique). 1 panneau indiquant la consommation électrique en temps réel.
Durée de la traversée. 2 minutes.