Le Trolleybus :

De même que le réseau de tramways, les trolleybus de Marseille ont eu une histoire très riche. C’était le deuxième réseau de France après Lyon, et les lignes présentaient une diversité de parcours à nulle autre pareille.
Tout d’abord, il eût l’electrobus entre la Croix Rouge et Allauch, mais au vu de nombreux problèmes, en septembre 1905, l’exploitation cessa.
Les trolleybus marseillais sont nés en 1927, à une époque où commençait à poindre la question de savoir s’il fallait prolonger le réseau de tramways ou se tourner vers le pneu, pour assurer de nouvelles dessertes.
La première ligne était mise en service entre Aubagne et Gémenos, sur un itinéraire prévu à l’origine comme un prolongement du service tramway de Marseille à Aubagne. Les premières voitures étaient du type Vétra-Renault MV, pouvant transporter une vingtaine de personnes. La ligne était ensuite prolongée à Cuges-les-Pins, le 24 septembre 1928. Trois nouvelles voitures du type Renault Scémia PY étaient livrées en renfort de parc.
La ligne restait un cas unique jusqu’au moment où la municipalité commençait à envisager le remplacement des tramways par des véhicules routiers, suivant ainsi le malheureux exemple parisien. En 1937, la Compagnie Générale Française de Tramways (CGFT) proposait à municipalité de remplacer les tramways ntre-ville, par des trolleybus et des autobus; le tramway était maintenu sur le réseau de banlieue. Le trolleybus était principalement proposé pour les services de la colline de la Garde.
La déclaration de guerre en 1939, arrêtait là les projets. En 1940, tous les services d’autobus existants étaient supprimés et les tramways remis en service sur certains itinéraires abandonnés avant 1939. Mais il fallait pallier l’absence de transport sur d’autres lignes qui ne pouvaient être rétablies par tramway.
C’est alors qu’était développé un plan de remplacement des autobus disparus par des trolleybus. La ligne 74, Église des Chartreux – Vallon Montebello, était mise en service à l’aide de CS60, présenté à la Foire de Marseille, en septembre 1941, le 26 avril 1942.
Le 1er août 1942, c’était la ligne 67, Castellane – Gare Saint-Charles qui recevait ses premiers trolleybus.
Durant les années d’occupation, d’autres lignes étaient équipées, dont les services de la colline de la Garde, où les trolleybus remplaçaient les tramways.
Après la guerre, le retour à la normale permettait à nouveau d’envisager la modernisation du réseau et la réduction des tramways. La Plan Monnet de 1946, prévoyait un parc de 250 trolleybus, 100 autobus et 50 tramways – ces derniers pour un groupe de lignes devant être maintenues.
Rapidement, le plan était modifié avec l’abandon du projet du maintien des tramways. Dès lors, à partir d’octobre 1947, commençait la suppression systématique des tramways, remplacés par des autobus ou des trolleybus.
Ces derniers se développaient entre 1947 et 1950 : à la fin de 1950, il y avait 26 lignes de trolleybus, desservies par 141 véhicules. D’autres lignes étaient encore équipées, mais à un rythme ralenti et, en 1955, le réseau comptait 181 trolleybus.
Mais la municipalité qui souhaitait accélérer la suppression des tramways subsistants, décidait de se tourner définitivement vers l’autobus. Après 1955, le trolleybus commençait à décliner dans la Cité Phocéenne. Les premiers remplacements par des autobus étaient réalisés dès 1956, sur des itinéraires dont le trafic était faible.
Le développement du trafic automobile, parfaitement anarchique, avait de graves répercussions sur les trolleybus et les autobus. Les trolleybus, tributaires de leur ligne aérienne, ne pouvaient dévier si nécessaire; les encombrements engendraient parfois des incidents comme des sauts de perches, lorsqu’un trolleybus devait contourner des automobiles mal stationnées ou encombrant une place importante.
Rapidement, l’exploitant entamait un processus de suppression, plutôt imposé par la situation. La majorité des lignes étaient équipées d’autobus entre 1957 et 1970. En 1975, seules les lignes 55, 57, 59, 61, 63, 81 sont encore exploitées à l’aide de 53 Vétra-Berliet ELR.
Après la crise du pétrole, et la prise de conscience des problèmes de pollution, la Régie des Transports de Marseille étudiait à nouveau le développement du trolleybus. Elle commandait en 1980, 48 Berliet ER100 qui remplaçaient les 51 derniers ELR.
Le programme de redéploiement des trolleybus était pourtant mené avec des difficultés. Dès les années 1990, les autobus des lignes 54 et 80 sont remplacés par des trolleybus. Mais la Régie ne procédait à aucune commande de matériel. Pour assurer les nouveaux services, elle devait remplacer les trolleybus par … des autobus sur d’autres lignes ! Ainsi, les lignes 55, 57, 61 et 63, perdaient-elles progressivement leurs matériels électriques pour des autobus, alors que Lyon achetait des midi-trolley pour la ligne de la Croix Rousse, on peut se demander pourquoi la RTM n’a pas essayé le même véhicule sur les lignes de la colline.
Il eût bien un essai de redéploiement de trolleybus pour remplacer les ER 100 arrivant à plus de 20 ans et ainsi rééquiper les lignes 54, 80, 81 en matériel neuf, plus l’électrification de la longue ligne 41 Métro Rond Point du Prado – Dépôt la Rose.
En novembre 2002, la ligne 80 perdait ses trolleys du fait de la création d’un 80S et que les lignes aériennes n’ont pas été tirées pour l’exploitation en trolleybus sur le tronçon Sébastopol – Monté Cristo – Roosevelt – Canebière.
En 2003, la situation n’est guère brillante : les deux dernières lignes exploitées par trolleybus, sont en passe d’être « diésélisées » dans quelques mois. Les projets de développement du réseau urbain, qui font la part belle au tramway, qui est nécessaire pour Marseille, se contente d’entériner la suppression des derniers trolleybus.
Le 25 juin 2004, les derniers trolleybus sont définitivement rentrés au dépôt, la Ville et la RTM argumentent en disant que des bus aux normes Euro III est bien plus avantageux.
À l’inverse de certains réseaux où le trolleybus est complémentaire du tramway, Marseille délaisse ce mode de transport.
Mais il semble qu’à Marseille aussi, l’histoire à d’étranges retournements et on peut toujours regarder cette photo montage et se dire que ce type de véhicule a réellement sa place dans la cité phocéenne.

ETB12 version RTM


Source : « Les tramways de Marseille ont cent ans » – R. MARTIN & J. LAUPIES


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